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Note for:   Catherine Marthe Louise Pozzi,   13 JUL 1882 - DEC 1934         Index
Individual note:   Auteur,
Immortalisé par Proust dans sa Recherche sous les traits du Docteur Cottard, son père est directeur du service de gynécologie de l'hôpital Broca à Paris (titulaire de la première chaire). Âgée de 25 ans, elle quitte la France et sa famille pour une année d'études à Oxford. En 1909, elle épouse Édouard Bourdet, dramaturge qui va vite connaître le succès. Trois ans plus tard, elle devient tuberculeuse, maladie dont elle ne va jamais se remettre et qui l'emportera en 1934. À la fin de la Grande Guerre, son père est assassiné par un de ses anciens patients. Catherine Pozzi entreprend d'écrire, s'occupe de littérature, s'amourache de Paul Valéry, passe son bachot à 37 ans, s'intéresse à tout, et fréquente les ploutocrates de son temps...

Bibliographie:
- Journal 1913-1934
- Agnès
- Très haut amour
- Correspondance 1926-1934
- Journal de jeunesse : 1893-1906

De son vivant, Catherine Pozzi n'a guère donné qu'Agnès, nouvelle autobiographique publiée en 1927 dans La NRF et traduite en allemand. Après sa mort, six poèmes paraîtront, et quelques volumes de correspondance (avec Paulhan et Rilke notamment). Mais aucun doute possible, Catherine Pozzi reste une diariste : les éditions Claire Paulhan ont publié son Journal de jeunesse 1893-1906 en 1997. Et voici donc réédité son Journal, couvrant l'essentiel de sa vie d'adulte, s'ouvrant à l'aube de la Grande Guerre et se refermant quelques jours avant sa mort.
Selon les propres mots de Pozzi, ce Journal est " une oeuvre utilitaire, mono-utilitaire ". Le lecteur a d'ailleurs l'impression, durant les premières années, d'entrer de plain-pied dans une maison où personne ne l'a convié, ou de débarquer à l'improviste en pleine scène de ménage. Dans toutes ces pages, il est surtout question d'un mariage qui tourne à l'aigre et des infidélités du mari.
Mais ce " protozoaire en révolte " ne vit pas que sur les ruines de cette union. Elle fréquente aussi le landernau littéraire, rencontre Julien Benda, Colette, Anna de Noailles, plus tard Mauriac, Du Bos, Paulhan, Jouve, Drieu La Rochelle, et des personnages que l'on croirait échappés de quelques pages de Proust : la comtesse de Béhague, la marquise de Brantes, la duchesse de Clermont-Tonnerre, les de Jonquières. C'est d'ailleurs sa liaison adultérine avec l'un des plus grands noms de l'époque, Paul Valéry en personne, qui occupe la place centrale de ce Journal. Ce qui n'était jusqu'alors que " l'agenda de quelques idées " devient " le récit d'une douleur qui m'a été pendant sept ans incompréhensible ", ce qu'elle nomme ailleurs " le roman de Karin et Paul ", autrement dit l'histoire de sa relation douloureuse avec son " Très haut amour " qui fut aussi son " Enfer ".
On se gardera toutefois de réduire ce Journal à cette seule aventure. On irait jusqu'à dire que sa matière principale est la douleur, dont elle n'hésite pas à récapituler les événements autour desquels elle s'enracine, et trouve bien sûr à se nourrir : " l'horrible mariage, l'horrible divorce, la guerre, et le fiancé frère, qui fut martyr. La maladie, pendant sept années. Mon père assassiné. Enfin, la passion d'un fou. ". Puis décès de sa mère en 1932. Catherine Pozzi aura vécu toute sa vie dans la pensée d'une mort imminente, toujours possible : " Je suis descendue à la cuisine chercher sur le calendrier la date de ma mort. Je crois, depuis toujours, que je mourrai le jour de la Pentecôte. Cette année, c'est le 19 mai. " Sans omettre la conscience de sa laideur. Car quand il s'agit de parler d'elle, Catherine Pozzi ne donne pas dans l'exercice d'admiration : elle se voit en " os de seiche, une robe de soie dessus ", ou " maigre et laide et pâle, un grand vermicelle qui aurait de grands yeux ". La bienveillance n'est d'ailleurs pas dans ses manières. Ses caricatures savent être grinçantes : la comtesse Murat est " celle qui crache des noms de grands hommes à chaque respiration ". Mais si elle est capable de saisir un visage en quelques mots, elle peut aussi commettre un consternant " Zut, crotte de bique et diméthyltralala... "
L'intérêt de ce Journal, c'est que Pozzi y réfléchit volontiers sur ce qu'il est, sur un genre qu'elle dit pratiquer " pour ne pas crever de certaines choses ". Relisant les cahiers qui précèdent celui sur lequel elle se confesse (c'est l'été 1928), elle se dit frappée de leur monotonie : " Un homme. Un tourment. Rien à côté. Il semble que l'univers n'existait pas. C'est que, d'abord, mon univers était lui-même. Ensuite, c'est que je n'écrivais qu'en état de douleur. J'écrivais comme l'on se retire dans un oratoire à supplier. " Plus loin, elle reconnaît qu'il s'agit moins d'écriture que de " la chose vivante elle-même qui gémit ". Un Journal pour l'essentiel " sans faits et sans histoire ", écrit parce que Pozzi n'avait ni amie ni confesseur, adressé " à la sympathie... de qui ? De rien, de nul, je le sais bien : ce lecteur est moi, cette oreille est la mienne. " Ce n'est pas pour rien si elle l'avait initialement intitulé " De l'ovaire à l'Absolu "... Rares sont les journaux intimes qui se soient intéressés à leur matière, et qui aient envisagé leur rapport au lecteur. C'est sans conteste ce qui fait de celui-ci son indéniable modernité.



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Note for:   Claude Bourdet,   28 OCT 1909 - 20 MAR 1996         Index
Burial:   
     Place:   Montparnasse,Paris,75014,France
Individual note:   Journaliste, résistant, Compagnon de la Libération, Gaulliste, dénonciateur de la torture en Algérie.
Directeur de la radio, renvoyé par la SFIO.

Il entre à l'Ecole Polytechnique de Zurich, en Suisse, et obtient en 1933 un diplôme d'Ingénieur en physique technique. Il fait en 1934 son service militaire au 93e Régiment d'Artillerie de Montagne et en sort sous-lieutenant.

Il est, à partir de 1936, chargé de mission au Ministère de l'Economie nationale dans le gouvernement de Front populaire.

Claude Bourdet est mobilisé en 1939 comme lieutenant à l'Etat-major de l'Artillerie divisionnaire de la 57e DI. Il passe l'hiver 39-40 dans le Jura, près de la frontière suisse. En juin 1940, il sert près de Villers-Cotterêts et fait retraite avec son unité.

A la démobilisation en août 1940, il retrouve sa femme et ses trois enfants dans les Alpes Maritimes et monte une huilerie-savonnerie avec un ami industriel.

Contacté une première fois en septembre 1940 par le capitaine Vincent (Jourdan) du Service de Renseignement interallié polonais (réseau F2), puis en novembre 1940 par Henri Frenay, il participe au développement du journal Les Petites Ailes puis du journal Vérités.

Il fonde, avec Henri Frenay et Maurice Chevance (qui deviendra le général Bertin), le "Mouvement de Libération nationale", futur mouvement "Combat".

Claude Bourdet alias "Lorrain", devient chef départemental de "Combat" pour les Alpes Maritimes puis, très rapidement, il est appelé au centre du Mouvement comme membre du Comité Directeur, à partir de juin 1942, et adjoint de Frenay pour l'action politique.

Recherché par la police de Vichy, il entre dans la clandestinité au cours de l'été 1942 et remonte vers Lyon où il restera jusqu'à l'été 1943.

Fin 1942, Claude Bourdet avec l'accord de Jean Moulin crée et développe le service du Noyautage des administrations publiques ("Nap" et "Super-Nap") dont il devient le responsable national. Dans ces délicates fonctions, il sera amené à prendre en mains la préparation de l'insurrection dans les administrations publiques et dans les services des chemins de fer, des PTT, etc.

Il participe à la constitution des Mouvements Unis de Résistance (MUR) avec "Libération" et "Franc-Tireur" au début de l'année 1943.

Il devient membre du Comité Directeur des MUR, puis, lorsque les contacts s'établissent avec la zone Nord, il est nommé membre du Comité central de la Résistance.

A la création du Conseil National de la Résistance en mai 1943, il en est membre, représentant "Combat" en l'absence de Frenay qu'il remplacé à la tête du mouvement en septembre 1942 puis en juin 1943, lorsque celui-ci part définitivement pour Londres puis pour Alger.

Claude Bourdet est également à l'origine, après la mise en place du Service du Travail obligatoire (STO), du Comité d'Action contre la Déportation (CAD).

Arrêté par la Gestapo le 25 mars 1944, il est emprisonné à Fresnes, puis, de Compiègne, il est déporté à Neuengamme où il parvient le 7 juin 1944. Trois semaines plus tard, il est transféré à Sachsenhausen puis, en février 1945, à Buchenwald.

Claude Bourdet rentre en France le 18 avril 1945.

Il est à la fin de la guerre lieutenant-colonel des Forces françaises combattantes et chef d'escadron de réserve.

Vice-Président de l'Assemblée consultative provisoire, Claude Bourdet sera Directeur général de la Radiodiffusion française.

Directeur de l'hebdomadaire Octobre, du quotidien Combat puis de l'hebdomadaire France Observateur.

Conseiller Municipal de Paris de 1959 à 1971, membre du Parti Socialiste Unifié (PSU), il dénonce la torture en Algérie.
En 1961 il invective et dénonce le préfet de police Maurice Papon à propos des exactions et massacres commis à Paris le 17 octobre 1961 par la police contre les manifestants algériens du FLN.

Journaliste à Témoignage Chrétien depuis 1967, il publie, en 1975, ses souvenirs : l'Aventure incertaine.

Claude Bourdet est décédé le 20 mars 1996 à Paris. Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse.

Claude Bourdet a retourné sa rosette de la Légion d'Honneur, sa rosette de la Résistance et sa croix de guerre 39/45 au Président de la République en 1955, pour protester contre les accords de Bonn, autorisant le réarmement de l'Allemagne.


• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 19 octobre 1945
• Croix de Guerre 39/45 avec palme
• Médaille de la Résistance avec rosette


Publications :

• Le Schisme Yougoslave, Editions de Minuit
• Les Chemins de l'Unité, Maspero
• A qui appartient Paris, Le Seuil
• L'Aventure incertaine, Stock
• L' Europe truquée, Seghers
• Participation à deux ouvrages collectifs : L'Inde et L'Afrique, dans la collection "Les Portes de la Vie", éd. du Burin-Martinsart.

(c) http://www.ordredelaliberation.fr/